Le développement d'une présence numérique s'accompagne souvent d'une tentation : celle du « global ». Si le Web permet théoriquement de toucher les internautes du monde entier, le succès d'une entreprise repose avant tout sur sa capacité à rejoindre un public ciblé. Le numérique enrichit certes le lien entre une organisation et sa communauté, mais cette relation ne peut se construire sans une connaissance approfondie de son marché. Les habitudes numériques des utilisateurs varient considérablement selon les pays, les régions, les villes, et même les quartiers.
La réalité du terrain : l'exemple de Québec
Même dans une ville comme Québec, relativement homogène à première vue, chaque quartier possède sa propre dynamique sociale et numérique. Les marchés publics récemment établis dans les quartiers Saint-Sauveur et Limoilou en offrent une illustration parlante.
Deux marchés, deux réalités numériques
Ces marchés partagent de nombreuses caractéristiques :
- Des initiatives citoyennes
- Une offre centrée sur les fruits et légumes
- Un engagement envers les producteurs locaux
- Une sensibilité environnementale marquée
- Une présence sur Facebook
Pourtant, leur réalité numérique diffère sensiblement :
- Le marché de Limoilou compte deux fois plus d'abonnés
- Les publications de Limoilou génèrent davantage d'interactions
- La communauté en ligne reflète les disparités socio-économiques des quartiers
L'impact des caractéristiques locales
Cette divergence s'explique par plusieurs facteurs :
- Saint-Sauveur : un quartier aux revenus plus modestes, où la fracture numérique prolonge la fracture sociale
- Limoilou : une forte population étudiante, technophile, doublée d'une base militante active
Ainsi, deux initiatives similaires peuvent connaître des trajectoires numériques très différentes, même à l'échelle « hyperlocale ». Cette réalité souligne l'importance cruciale d'une connaissance approfondie de son marché pour toute stratégie numérique efficace.